soirée Dada 1916

14. VII. 1916. Salle zur Waag: I. Dada-Soirée [Musique, danses, Théories, Manifestes, poèmes, tableaux, costumes, masques] Devant une foule compacte, Tzara manifeste, nous voulons nous voulons pisser en couleurs diverses, Huelsenbeck manifeste, Ball manifeste, Arp Erklärung, Janco meine Bilder, Heusser eigene Kompositionen, les chiens hurlent et la dissection du Panama sur piano sur piano et embarcadère ”“ Poème crié ”“ on crie dans la salle, on se bat, premier rang approuve deuxième rang se déclare incompétent le reste crie, qui est plus fort on apporte la grosse caisse, Huelsenbeck contre 200, Ho osenlatz accentué par la très grosse caisse et les grelots au pied gauche ”“ on proteste on crie on casse les vitres on se tue on démolit on se bat la police interruption. Reprise du boxe: Danse cubiste costumes de Janco, chacun sa grosse caisse sur la tête, bruits, musique nègre / trabatgea bonooooooo oo ooooo / 5 expériences littéraires: Tzara en frac explique devant le rideau, sec sobre pour les animaux, la nouvelle esthétique: poème gymnastique, concert de voyelles, poème bruitiste, poème statique arrangement chimique des notions, Biribum biribum saust der Ochs im Kreis herum [Huelsenbeck], poème de voyelles aaô, ieo, aiï, nouvelle interprétation de la folie subjective des artères la danse du cœur sur les incendies et l'acrobatie des spectateurs. De nouveau cris, la grosse caisse, piano et canons impuissants, on se déchire les costumes de carton le public se jette dans la fièvre puerperale interomprrrre. Les journaux mécontents poème simultané à 4 voix + simultané à 300 idiotisés définitivs. CHRONIQUE ZURICHOISE, in: Dada Almanach (Berlin, Eich Reiss, 1920), p.10-23. Repris dans Die Geburt des Dada, Zurich, Die Arche, 1957, p.169-179. On appréciera le ton de cette chronique, mine de renseignements de première main et amplification de la geste dadaïste. La relation des soirées scandaleuses permet de dégager une dramaturgie dada, inspirée de l'expressionnisme allemand par l'intermédiaire de Hugo Ball, naguère assistant de Max Reinhardt à Munich. Si les masques et la régie scénique proviennent effectivement de l'école munichoise, c'est au contact du public scandalisé que Dada découvrit les vertus de la spontanéité, de l'agression crétinisante et finalement de l'échange entre spectateurs et acteurs-auteurs. Ces soirées où chacun acceptait de se remettre en cause totalement furent le véritable creuset de l'art nouveau. On lira une version plus paisible des mêmes faits dans les mémoires de Hugo Ball: Die Flucht aus der Zeit, Berne, J. Stocker, 1945. -- Tristan Tzara: Å’uvres complètes, Flammarion, 1975. (pp.562-563)

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